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Le temps present et le temps passé

Sont tous deux présents peut-être dans le temps futur

Et le temps futur contenu dans le temps passé.

Si  tout temps est présent pendant l'éternité

Tout temps est irrémissible.

Ce qui aurait pu être est une abstraction

Qui ne demeure un perpétuel possible

Que dans un monde de spéculation.

Ce qui aurait pu être et  ce qui a été

Tendent vers une seule fin qui est toujours présente.

Des pas résonnent en écho dans la mémoire

Le  long du  corridor que nous n'avons pas pris 

Vers la porte que nous n'avons jamais ouverte

Sur le jardin de roses. 

Mes paroles font écho

Ainsi, dans votre esprit.

Mais à quelle fin?

 

 

Troublent-elles la poussière d'une coupe de roses

Qu'en sais-je?

D'autres échos
Habitent le jardin. Les suivrons-nous?
Vite, dit l'oiseau, vite, trouve-les, trouve-les

Au detour de l'allée. Par la première grille,

Au dedans de notre premier monde, allons-noussuivre

Le leurre de la grive? Dans notre premier monde.

Ils étaient là, dignes et invisibles,

Se mouvant sans peser parmi les feuilles mortes,

Dans la chaleur d'automne, à travers l'air vibrant,

Et l'oiseau d'appeler, en réponse

A la musique inentendue dissimulée dans le bosquet,

Et le regard inaperçu franchit l'espace, car les roses

Avaient l'air de fleurs regardées.

Ils étaient là, nos hôtes, acceptés, acceptants.

Et nous procédâmes avec eux en

Cérémonieuse ordonnance,

Le long de l'allée vide et dans le rond de buis,

Pour plonger nos regards dans le bassin tari.

Sec le bassin, du ciment sec bored de brun,

Et le basin fut empli d'eau par le soleil,

Et les lotus montèrent doucement, doucement,

La surface scintilla au cœur de la lumière,

Et ils étaient derrière nous, se reflétant dans le bassin.

Puis un nuage passa, et le basin fut vide.

 

 

Va, elit l'oiseau -les feuilles étaient pleines d'enfants

Fébrilement cachés, qui réprimaient leurs rires.

Va, va, va, dit l'oiseau: le genre humain

Ne peut pas supporter trop de réalité.

 

Le temps passé, le temps futur,

Ce qui aurait pu  être et ce qui a été

Tendent vers une seule fin , qui est toujours présente.

 

Au point-repos du monde qui tourne.

Ni chair ni privation de chair

Ni  venant de, ni allant vers; au point-repos, là est la danse

 

 

Descends plus bas, descends seulement

Dans le monde de la solitude perpétuelle,

Un monde non monde, mais bien cela qui n'est pas monde

 

Obscurité interne, privation

Destitution de toute propriété

Dessication du monde du sentir

Évacuation du monde des images

Inopérance du monde de l'esprit;

C'est là  l'un des deux chemins, l'autre

Étant le même , non movement

Mais abstention de mouvement; cependant que le monde se meut Dans l'appétence, sur ses voies métalliques

De temps passé, de temps futur.

Nous ne cesserons pas notre exploration

Et le terme de notre Quête

Sera d'arriver là d'où nous étions partis

Et de savoir le lieu pour la première fois.

A travers la grille inconnue, remémorée

Quand le dernier morceau de terre à découvrir

Sera celui par quoi nous avions commencé;

A la source du plus long fleuve

La voix lointaine de la cascade

Et les enfants dans le pommier

Non sus parce quenon cherchés

Mais perçus, à demi perçus dans le silence

Entre deux vagues de la mer

 

Vite, ici, maintenant, toujours -

Une simplicité complete

Et toute chose sera bien

Toute manière de chose sera bien

Lorsque les langues flamboyantes

S'infléchiront dans la couronne

Du nœud ardent et que le feu

Et la rose ne feront qu'un.

De "4 Quatuors"  de TS Eliot

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