Shakti
Appassionata - Beethoven's Piano Sonata #23 in F minor
Le temps present et le temps passé
Sont tous deux présents peut-être dans le temps futur
Et le temps futur contenu dans le temps passé.
Si tout temps est présent pendant l'éternité
Tout temps est irrémissible.
Ce qui aurait pu être est une abstraction
Qui ne demeure un perpétuel possible
Que dans un monde de spéculation.
Ce qui aurait pu être et ce qui a été
Tendent vers une seule fin qui est toujours présente.
Des pas résonnent en écho dans la mémoire
Le long du corridor que nous n'avons pas pris
Vers la porte que nous n'avons jamais ouverte
Sur le jardin de roses.
Mes paroles font écho
Ainsi, dans votre esprit.
Mais à quelle fin?
Troublent-elles la poussière d'une coupe de roses
Qu'en sais-je?
D'autres échos
Habitent le jardin. Les suivrons-nous?
Vite, dit l'oiseau, vite, trouve-les, trouve-les
Au detour de l'allée. Par la première grille,
Au dedans de notre premier monde, allons-noussuivre
Le leurre de la grive? Dans notre premier monde.
Ils étaient là, dignes et invisibles,
Se mouvant sans peser parmi les feuilles mortes,
Dans la chaleur d'automne, à travers l'air vibrant,
Et l'oiseau d'appeler, en réponse
A la musique inentendue dissimulée dans le bosquet,
Et le regard inaperçu franchit l'espace, car les roses
Avaient l'air de fleurs regardées.
Ils étaient là, nos hôtes, acceptés, acceptants.
Et nous procédâmes avec eux en
Cérémonieuse ordonnance,
Le long de l'allée vide et dans le rond de buis,
Pour plonger nos regards dans le bassin tari.
Sec le bassin, du ciment sec bored de brun,
Et le basin fut empli d'eau par le soleil,
Et les lotus montèrent doucement, doucement,
La surface scintilla au cœur de la lumière,
Et ils étaient derrière nous, se reflétant dans le bassin.
Puis un nuage passa, et le basin fut vide.
Va, elit l'oiseau -les feuilles étaient pleines d'enfants
Fébrilement cachés, qui réprimaient leurs rires.
Va, va, va, dit l'oiseau: le genre humain
Ne peut pas supporter trop de réalité.
Le temps passé, le temps futur,
Ce qui aurait pu être et ce qui a été
Tendent vers une seule fin , qui est toujours présente.
Au point-repos du monde qui tourne.
Ni chair ni privation de chair
Ni venant de, ni allant vers; au point-repos, là est la danse
Descends plus bas, descends seulement
Dans le monde de la solitude perpétuelle,
Un monde non monde, mais bien cela qui n'est pas monde
Obscurité interne, privation
Destitution de toute propriété
Dessication du monde du sentir
Évacuation du monde des images
Inopérance du monde de l'esprit;
C'est là l'un des deux chemins, l'autre
Étant le même , non movement
Mais abstention de mouvement; cependant que le monde se meut Dans l'appétence, sur ses voies métalliques
De temps passé, de temps futur.
Nous ne cesserons pas notre exploration
Et le terme de notre Quête
Sera d'arriver là d'où nous étions partis
Et de savoir le lieu pour la première fois.
A travers la grille inconnue, remémorée
Quand le dernier morceau de terre à découvrir
Sera celui par quoi nous avions commencé;
A la source du plus long fleuve
La voix lointaine de la cascade
Et les enfants dans le pommier
Non sus parce quenon cherchés
Mais perçus, à demi perçus dans le silence
Entre deux vagues de la mer
Vite, ici, maintenant, toujours -
Une simplicité complete
Et toute chose sera bien
Toute manière de chose sera bien
Lorsque les langues flamboyantes
S'infléchiront dans la couronne
Du nœud ardent et que le feu
Et la rose ne feront qu'un.
De "4 Quatuors" de TS Eliot